Carnet de bord de l'intestin heureux #2 : la sincérité face aux difficultés d'un changement d'alimentation


Lorsque j'ai commencé ce blog,  j'avais la volonté de m'en servir entre autre comme motivateur pour aller vers une alimentation plus saine et surtout plus respectueuse de mes petits soucis de santé provoqués par le syndrome de l'intestin irritable. Cette démarche passe notamment pour moi par une alimentation exempte des aliments auxquels je suis intolérante (principalement gluten, lait de vache et oeuf). Je publie régulièrement ici des recettes qui reflètent ma quête de ce que représente pour moi une cuisine idéale. Belle, gourmande et sans intolérance. Cependant, je voulais faire un vrai point, un point sincère, pour dire que cette cuisine idéale (à mon sens) est un objectif vers lequel je tends mais qui ne reflète pas toujours les moments où je craque, les moments où c'est plus compliqué de trouver la volonté, les moments où mon petit ventre me fait mal parce que je n'ai pas été assez rigoureuse. Vous parler un peu loin de l'image peut-être parfois trop facile que peuvent renvoyer les post du blog. 

T RO U V E R   L A   M  O T I V A T I O N
Plus que de volonté, je m'aperçois qu'il s'agit de motivation. Trouver une motivation réelle, enracinée et surtout personnelle pour opérer un changement aussi profond n'est pas si aisé. Pour ma part, j'ai la volonté de trouver cette motivation. Cependant, cela demande un déclic. Un déclic qui ne s'opère pas  en un claquement de doigt comme je l'ai longtemps songé. La motivation se cherche, se construit en s'informant, en faisant des rencontres et surtout en intégrant réellement les risques évités et les bénéfices inhérents à ce changement. 

De manière personnelle, même la gêne et le spectre de la douleur ne sont parfois pas assez pour me faire renoncer à une part de gâteau ou de pizza. Mon cerveau refuse la réalité de cette souffrance à venir et je me fais croire que cette fois-ci ce ne sera pas si embêtant ou que j'ai davantage besoin du réconfort que je crois trouver dans la part de gâteau que de faire attention à ce que je mets dans mon ventre. Même ce vocabulaire serait à changer : il ne s'agit pas de faire attention à ce que je mets dans mon ventre mais à prendre soin de ma santé. Ce changement de termes qui semble évident, n'est pas si facile à entériner et reflète bien la difficulté à trouver la véritable motivation. 

Pour ma part, ma motivation devient de plus en plus forte ces derniers temps en constatant d'une part les bénéfices sur mon moral et ma façon de me sentir bien dans mon corps lorsque je fais attention. Et d'autre part, après une rencontre avec une personne atteinte d'une maladie plus sévère de l'intestin qui ,je le sais, peut être causée par des inflammations à répétition auxquelles on ne prête pas suffisamment attention (mon cas exactement car toutes ces douleurs sont en fait le symptôme d'une inflammation). J'en suis venue à chaque instant où mon cerveau demande sa dose de gluten et se fait très gourmand à pouvoir mettre en perspective ce comportement avec des souhaits plus profonds pour ma santé et ma vie. Et ça, c'est une motivation plus sincère, j'ai intégré de façon personnelle les bénéfices et les risques. A chacun de trouver la sienne et de faire ce chemin avec patience et douceur, vraiment.


Ê T R E   S O N   A M I   :   N E   P A S   S ' I N F L I G E R   L A   F R U S T R A T I O N
 Outre l'appropriation progressive d'une motivation personnelle et sincère, la deuxième face de ce changement est de ne pas laisser s'installer la frustration. Je l'ai toujours dit, je suis gourmande, le plaisir de la bouche est pour moi l'un des grands plaisirs de la vie. Etre en mesure de savourer pleinement un bon plat, un met qui ravit les papilles, colore l'instant est une réelle chance et devrait être célébré en tant que telle. Il faut donc s'aider, être son ami et se proposer des alternatives goûtues, hautes en couleurs, bonnes pour continuer à trouver du plaisir et soutenir la motivation. 

C'est ce que j'essaie de faire au quotidien, peut-être encore plus lorsque je sens que j'ai envie de manger ce que, au fond, je n'ai pas envie de mettre dans mon corps. Et c'est ce que je partage ici avec vous. Je constitue un petit livre de recette en ligne, un petit répertoire dans lequel piocher lorsque l'on a envie de se faire plaisir mais également lorsque l'on a besoin d'un palliatif pour continuer sur sa bonne lancer et ne pas craquer. 

T A C H E R   D E   N E   P A S   C U L P A B I L I S E R   E T   E X P L O R E R   S O N   F O R   I N T E R I E U R
Et puis quand je craque, quand je mange quelque chose que je vais regretter d'avoir consommé, qu'est-ce que je fais ? Parce que aujourd'hui, même en intégrant petit à petit les deux points précédents, il m'arrive encore de craquer. Et c'est une réalité que je pense nous sommes beaucoup à connaître. 

Alors quand je craque, d'abord j'essaie de ne pas culpabiliser. Je revendique ce droit de ne pas être parfaite, d'être humaine, d'avoir un façon de manger fortement liée à mon émotionnel. Et oui, je suis de nature anxieuse donc oui, parfois l'alimentation saine est un défi pour moi. Ca n'a pas à être grave, j'essaie de ne pas être si dure envers moi-même même si le juste milieu entre être compréhensive et être rigoureuse est parfois difficile à définir et me laisse un brin inconfortable.

Pour pallier à ça, je cherche à comprendre pourquoi j'ai craqué. Est-ce qu'il s'agit d'une cause émotionnelle, ou une faim inassouvie ? J'essaie le plus possible de comprendre le schéma qui s'est mis en place pour tenter de trouver une solution et que cela ne se reproduise pas. Par exemple, j'ai appris à avoir des petites choses sur moi comme des oléagineux en cas de faim ou de fringale. Car bien sûr lorsque notre corps à faim nous sommes plus enclins à vouloir manger ce que nous avons sous la main, peu importe ce que c'est. Lorsque j'ai envie d'une part de gâteau parce que quelque part en moi je suis stressée, j'identifie le besoin et essaie de trouver une diversion réellement bienfaisante (une bon mug de tisane ou une balade par exemple) ou un palliatif sans heurt comme une d'un des gâteaux que je vous propose sur le blog. Et puis surtout, je tente de revenir au cœur de ce stress pour m'attaquer à la cause et non plus seulement au symptôme grignotage.

Ensuite d'un point de vue plus pragmatique, j'essaie de me dire que la journée n'est pas fichue et de me réajuster pour le prochain repas même si ce n'est pas toujours évident.
Ce que je veux renvoyer comme message via cet article c'est que ma démarche n'est pas parfaite, elle n'est pas sans manqué. Il s'agit plutôt d'un cheminement et je ne souhaite pas complexer tout le long de ce dernier parce qu'il n'y pas 100% de réussite. Je nous souhaite d'être plus indulgents, plus dans la compréhension et surtout, de réaliser que même derrière les belles images des blogs, c'est difficile par moments pour chacun d'être fort quant à ses résolutions et ses envies profondes de bien faire. Ce n'est pas grave, la motivation se construit au fur et à mesure et lorsqu'elle sera totalement mature et éclose alors le déclic se produira et le chemin fera davantage sens donc sera plus aisé à emprunter.

Et vous, quel rapport avez-vous avec votre alimentation ?
Que vous évoque les post de blog autour de la cuisine ?

2 commentaires

  1. Quel bel article ! Et quel superbe blog ! J'aime beaucoup, c'est très beau, et fin.

    J'apprends à entretenir ce genre de rapport avec l'alimentation aussi. Mon intestin fait des siennes depuis 2 ans maintenant, et ça a été très complexe à gérer. Après une violente inflammation (turista), ils sont devenus très sensibles et depuis, c'est VRAIMENT la croix et la bannière.

    Le premier gros changement que j'ai effectué, ce sont les légumes frais et crus. Je n'en mangeais jamais et le changement assez brusque m'a valu de groooos effets indésirables. J'ai tenu parce que j'avais vraiment envie de prendre soin de moi et quand j'en étais venus à ce stade de compréhension qui me dit que tout - ou presque - passe par l'alimentation. J'ai compris un tas de choses sur le rôle du tube digestif, au delà de "digérer" physiquement, sur les interactions, sur l'influence que tout cela a sur tout le reste de "moi".

    Depuis, j'avance à mon rythme. Mon alimentation n'a plus rien à voir avec celle d'il y a deux ans et je me sens tellement mieux ! Avant, quand les autres témoignaient, je n'y croyais pas, je pensais que c'était de l'esbrouffe. Impossible que manger un plat plutôt qu'un autre, même sur le long terme, change tant de choses dans une personne, et ce positivement ... A présent, j'en suis intimement convaincue pour l'avoir moi-même expérimenté et je ne m'arrêterai pas.

    Mais effectivement, c'est compliqué, surtout avec un intestin sensible. Refuser de boire, même juste deux doigts de verre et de manger des apéritifs lors d'une soirée, parce qu'on sait qu'on va vraiment le payer très cher dans les heures/jours qui suivent, c'est vraiment chiant. De plus en plus, le problème s'estompe car je n'en ai plus envie : c'est le côté social le plus lourd.

    Je fais des écarts émotionnels aussi. Mais de moins en moins. Je choisis des produits qualifitatifs quand vraiment je me sens plonger : gâteaux maison, chocolat Valrhôna plutôt que les tablettes des grandes surfaces ... Et je souffre moins :).

    J'apprends aussi à cuisiner ! Et ça, vraiment, c'est le plus impressionnant : je n'y aurais jamais cru moi-même ^^.

    Bref, merci pour ce moment et partage et d'honnêteté, c'est très appréciable.

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    1. Coucou Rozie & colibri, merci beaucoup pour ton passage ici et pour ton mot, je suis ravie que le blog te plaise et surtout te parle, c'est vraiment tout le but, pouvoir partager :)

      Je trouve que ton cheminement est très inspirant, on sent que tu as appris et continues d'apprendre à te connaître, à ton rythme, je trouve ça important de parvenir à le faire effectivement hors de toute pression sociétale. Et oui, c'est un vrai changement lorsque l'on modifie son alimentation en positif. C'est aussi se réapproprier son corps, lui donner une priorité face au mental qui parfois prend beaucoup de place.

      De mon côté j'apprends encore beaucoup, je continue de connaître la carte de mon corps pour pouvoir naviguer en douceur. C'est pour ça que je suis toujours enthousiaste lorsque je lis que des personnes ont fait une bonne partie de ce chemin et en ressentent vraiment les bénéfices.

      Je prends également un vrai plaisir à cuisiner (même dans ma cuisine rikiki ^^), je crois qu'en fait tout dépend de ce que l'on fait de ces moments, la signification qu'on leur donne. Pour moi ce sont vraiment des moments de détente, où je fais le vide et des moments de créativité où j'essaie d'écouter mon intuition et de ne pas me censurer dans les idées. Et ça rend la cuisine hyper agréable et motrice d'autres choses aussi.

      En tout cas, je te souhaite de continuer dans le sens qui te fait du bien et au grand plaisir de te lire de nouveau ici.

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