Lettre de douceur à une angoissée | Petit déjeuner express : graines et banana bread complet

A ton corps, serré, pressé contre lui-même. A tes poumons, qui semblent secs, à ta respiration qui tressaute et court comme une folle. A ton esprit, qui semble obstrué, bloqué dans le noir à tourner sur lui même sans fin. Qui te fait croire que ça ne va jamais finir, qui colore de noir tes moindres pensées, et te fait te dire que tu es si seule. Et à ton cœur, ton cœur compressé contre ta poitrine, qui pulse durement, comme un petite pierre pointue, contre ta cage thoracique.

Tu n'es pas seule. Et tu n'es pas nulle. Tu n'es pas bizarre ni mal fichue. Tu n'es pas cette horloge mal montée, aux engrenages qui déraillent et dont tu as honte. Tu n'es pas cet esprit étroit et sombre, ce corps rabougri où tes muscles semblent s'asphyxier. Tu n'es pas seule. Les gens qui t'aiment  peuvent entendre, tu peux leur dire, je t'assure que tu peux leur raconter, ces moments froids où l'angoisse se propage entre tes organes pour exploser dans ta tête et partout sous ta peau, entre les fibres rouges de tes muscles. Tu n'es pas moche, ta peau est toujours douce, ton cœur est toujours aussi grand, tu es la même belle personne qu'il y a quelques heures, quelques jours, quelques mois, riant et détendue dans la sérénité d'un moment de joie partagée ou devant un paysage doré d'automne. Tu es toujours cette jolie présence. Le ciel s'est obscurci mais je te promets que ce ne sont que des nuages, peu importe qu'il bruine ou que la tempête gronde, ton ciel bleu est derrière. 


Carnet de bord de l'intestin heureux | Gratin d'automne : Butternut, carotte, champignons, panchetta, et lait d'avoine {SG, Sans oeuf, sans lait}


Aujourd'hui, depuis que j'ai à nouveau décidé de manger en me faisant du bien, en prenant soin de mon corps, il s'est passé cinq jours. C'est à nouveau, un nouveau départ. Cette volonté de prendre soin de mon corps et de le respecter en le nourrissant de façon saine est une vieille volonté. Une volonté un peu racornie, jaunie et froissée telle une photo dénichée au fond d'une malle. C'est une volonté qui s'est un peu aigrie d'avoir si souvent été invoquée pour finalement, ne jamais être respectée.

Je suis pourtant intimement convaincue que ce que nous mangeons a un réel impact sur nos vies, sur notre capacité à nous y sentir bien. Lorsque j'ai commencé, il y a quelques années, à avoir des problèmes de digestion douloureuse, de maux de ventre incessants ; lorsque j'ai réalisé que ces problèmes s'intensifiaient avec le temps, j'ai décidé de mener l'enquête. Auprès du corps médical, auprès de mon environnement et par moi-même, en épluchant livres et informations diverses. A ce titre, "Le charme discret de l'intestin" de Giulia Enders a été une véritable pierre d'angle dans l'appréhension personnelle de ce sujet complexe. Je ne pouvais plus nier que l'alimentation avait un rôle prépondérant non seulement sur mon état de santé mais aussi sur mon équilibre psychique et que celle qui possédait les clefs de cette arme : c'était moi.


Les mots pour trouver le chemin : aspiration pour ma vie



J'ai ces envies au creux du corps qui enveloppent mon ventre, mes poumons, ma peau de chaleur. L'envie de m'élever et en même temps de sentir mes pieds nus contre la terre. L'envie de faire partie de ce monde. A ma façon, en découvrant et explorant des chemins qui chantent à mon être. Peu importe la peur de se sentir à côté, de côté. 

A cet instant, le corps étendu sur un banc à l'ombre d'un châtaigner, je suis reconnaissante et heureuse de ce soleil. De ces odeurs de fleurs. Du ciel bleu sous le vert tendre des feuilles et entre le venelles de celles qui se dorent avec l'automne. Pour les enfants et les chiens qui gambadent. Pour la paix et la joie et la vie. Pour l'ombre douce et le soleil qui réchauffe. 

Je ne sais toujours pas ce que je vais faire de tout ça, de cette sensibilité qui murmure au vent, au creux des oreilles et du cœur, de ces émotions et impressions fugaces sous la peau. Quel est mon chemin ? Comment faire pour le dessiner au sol ?