J’ai ces envies de vent bleu et de voiles gonflées d’iode.
D’embruns contre le visage et partout sur la peau, pour déposer le sel qui
pique et parfume. J’ai envie d'un train entre de vertes collines aux rondeurs tachetées
d’automne. Du mystère de la tourbe, chaude entre les violets et les ors de la
bruyère irlandaise. J’ai envie des senteurs du monde, des ocres épicés et brûlants
du Liban au sucré caramélisé et mystique de la sauce qui mijote doucement à l’étale d’un marché de Hanoï. De villes qui grouillent, où les
humains bouillent et furètent donnant l’impression de créer côte à côte, de
visages aux contours fugaces comme ceux d’un rêve valsant dans les rues de
Tokyo. De l’immensité faite mer, tantôt claire, tantôt insondable et profonde.
De ses bleus sans fin dans lesquels s’infuse le ciel.
J’ai envie de chemins
sous la pluie, entre les arbres qui palpitent et font enfler la forêt, la
jungle. Où la terre meuble s’accroche aux chaussures et beurre la peau des
chevilles jusqu’aux mollets. J’ai envie de l’odeur de musc et d’humus, humide
sous les doigts, forte et sensuelle comme le parfum d’une peau. J’ai envie de
ce granit d’argent qui brille sous nos pas. De cette brume épaisse et
filandreuse qui plane comme une âme sur le Loch Ness. De ces vieilles pierres
croquées par le passé et qui soufflent dans la brise les secrets qu’il y a si
longtemps, on a oublié de partager. De ces voix, de ces rêves qui résonnent
encore et se répercutent comme de longs échos entre les murs décrépis des
ruines romaines. Du mystère de toutes ces vies, partout, avant, ailleurs.
J’ai
envie d’espaces, de lignes d’horizon qui s’enfuient derrière les vagues,
derrière la terre. J’ai envie de ce monde et de tous les autres. De reposer mes
yeux dans le charbon des tiens, dans le bleu des siens et dans le café si
moelleux des leurs. J’ai envie de lever l’ancre vers des pourpres et des rouges
d’ailleurs. D’ailleurs.
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