A ton corps, serré, pressé contre lui-même. A tes poumons, qui semblent secs, à ta respiration qui tressaute et court comme une folle. A ton esprit, qui semble obstrué, bloqué dans le noir à tourner sur lui même sans fin. Qui te fait croire que ça ne va jamais finir, qui colore de noir tes moindres pensées, et te fait te dire que tu es si seule. Et à ton cœur, ton cœur compressé contre ta poitrine, qui pulse durement, comme un petite pierre pointue, contre ta cage thoracique.
Tu n'es pas seule. Et tu n'es pas nulle. Tu n'es pas bizarre ni mal fichue. Tu n'es pas cette horloge mal montée, aux engrenages qui déraillent et dont tu as honte. Tu n'es pas cet esprit étroit et sombre, ce corps rabougri où tes muscles semblent s'asphyxier. Tu n'es pas seule. Les gens qui t'aiment peuvent entendre, tu peux leur dire, je t'assure que tu peux leur raconter, ces moments froids où l'angoisse se propage entre tes organes pour exploser dans ta tête et partout sous ta peau, entre les fibres rouges de tes muscles. Tu n'es pas moche, ta peau est toujours douce, ton cœur est toujours aussi grand, tu es la même belle personne qu'il y a quelques heures, quelques jours, quelques mois, riant et détendue dans la sérénité d'un moment de joie partagée ou devant un paysage doré d'automne. Tu es toujours cette jolie présence. Le ciel s'est obscurci mais je te promets que ce ne sont que des nuages, peu importe qu'il bruine ou que la tempête gronde, ton ciel bleu est derrière.